Introduction
Durant les années trente, devant l'imminence d'une tourmente européenne, le Pays mit sur pied un vaste plan de renforcement du territoire. Forts, fortins, barricades sur les itinéraires et barrages dans le terrain surgirent à nos frontières.
Afin d'assurer une surveillance des chantiers, puis des ouvrages, et de disposer de formations d'intervention en cas d'urgence, le Conseil fédéral eut recours tout d'abord au Corps fédéral des gardes-frontière puis, dès 1936, aux compagnies de volontaires pour la couverture de la frontière. Ces dernières, avec les gardes des forts, devaient en 1942 constituer le noyau du nouveau Corps des gardes-fortifications.
Les événements de 1939 /40, puis la création du Réduit accélérèrent la fortification du pays. Le besoin se fit sentir de repenser le problème de l'intendance de ces constructions et d'assurer le service des installations souvent complexes dont elles étaient dotées.
Par arrêté du 25 juin 1941, le Conseil fédéral institua le Corps des gardes-fortifications.
Troupe de fortification lors des travaux de 1938 dans la Vallée de l'Orbe, ingénieur spécialiste fortification et caporal du génie
La mission du Corps des gardes-fortifications
L'arrêté du Conseil fédéral de 1941 confie au Corps les missions suivantes:
— surveiller les ouvrages, les mettre en état de défense, les occuper en partie et les défendre jusqu'à l'arrivée de la garnison de guerre, ainsi que seconder celle-ci;
— participer du point de vue militaire et technique à l'instruction du personnel des garnisons;
— entretenir et administrer les ouvrages fortifiés et autres installations militaires. Ces tâches ont, au cours des ans, été adaptées aux besoins, mais la mission initiale n'a pas varié dans son essence.
Cours d'instruction GF à Vallorbe, été 1943. Les volontaires sont issus d'unité diverses (infanterie, génie, artillerie...)
Structure
Le CGF est organisé militairement. Le territoire national est divisé en arrondissements de fortifications qui, eux-mêmes, se subdivisent en compagnies de gardes-fortifications. Les commandants d'arrondissements et de compagnies se consacrent spécialement aux questions d'organisation, aux problèmes tactiques et techniques touchant la préparation à la guerre de leurs secteurs respectifs, ainsi qu'à l'instruction des agents. Tant aux échelons arrondissement que compagnie nous trouvons les éléments de travail ci-après :
— le service technique, comprenant les spécialistes chargés de l'entretien des ouvrages de tous genres dans les domaines construction, électricité, télécommunications, installations mécaniques, de ventilation, d'hygiène, etc;
— le service du matériel, qui traite toutes les affaires relatives à l'entretien de l'armement, des munitions, de l'équipement des ouvrages et des garnisons; il règle également les multiples problèmes d'intendance, de transports, d'inventaires, etc;
— le service administratif, responsable des questions de personnel, de comptabilité et de subsistance. Les compagnies de gardes-fortifications, d'effectifs variables, comprennent un échelon de commandement et des chefs de sous-secteurs, groupes d'ouvrages et d'ouvrages qui constituent les organes d'exécution des multiples tâches énoncées ci-haut.
Le Corps des gardes-fortifications est en outre chargé de l'exécution des peines disciplinaires à subir sous régime militaire. Il gère, à cet effet, une exploitation agricole au Zugerberg.
Le Corps étant une organisation permanente, de nombreuses autres missions peuvent encore lui être confiées selon les circonstances.
En cas de mobilisation de guerre, le personnel du CGF s'intègre dans les formations de l'armée de campagne.
Portraits de volontaires pour l'instruction GF, été 1943